L’argument que font prévaloir Alpha Condé et ses ouailles pour justifier cette tentation du troisième mandat, aux relents de servitude électorale, est de permettre au président de parachever son œuvre. Par cette transgression de la constitution, le président vient de jeter aux orties l’alternance politique, plongeant ainsi le pays dans l’incertitude.
Ceux qui en étaient encore à des conjectures sur la candidature du président à un troisième mandat, viennent d’en avoir pour leurs grades. Avec le dernier développement de la situation, consécutif au dépôt de sa candidature, il faut se rendre à l’évidence que rien ne semble freiner désormais le président Alpha Condé dans ses velléités de se maintenir au pouvoir au-delà des deux mandats légaux que lui confèrent la constitution de mai 2010.
Constitution qu’il a d’ailleurs passée à la trappe, pour faire adopter une autre, taillée à sa mesure, et qui remet les compteurs à zéro.
Ce jeudi le président a donc procédé au dépôt de sa candidature auprès de la Cour constitutionnelle. Ce qui met fin au vrai-faux suspense entretenu sciemment par le locataire du palais Sékhoutoureya autour de sa candidature à un troisième mandat.
A travers ce dépôt de candidature, Alpha Condé annonce la couleur. Et dans la même foulée, il qualifie sa démarche « de rendez-vous du devoir avec la Guinée et les Guinéens ».
On a affaire à un président qui déroule son agenda avec un calme marmoréen. Ni le décompte macabre qui se poursuit au gré des manifestations de rue ni les objurgations des sages et autres religieux, n’ont pu dissuader Alpha Condé. Qui semble dopé comme jamais par les slogans machistes de ses soutiens, qui jurent la main sur le cœur n’avoir trouvé aucune alternative, à leur Deus ex machina, qui n’est quand même pas un perdreau de l’année.
Pour ses contempteurs, le président qui devait ouvrir la voie à une alternance politique, par la tenue délections régulières, n’aura été in fine qu’un impedimenta à la bonne marche de notre démocratie.
Il faut quand même déplorer que là où un mandat de 4 ou 5 ans suffit à des présidents des États des grandes démocraties pour poser des actes, qu’en Guinée le chef de l’État et son parti trouvent que dix ans de mandature sont carrément insuffisants pour dérouler un programme. Quitte à épouser le paradigme de Pénélope, synonyme d’une condamnation perpétuelle à reprendre sa tâche.
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