Depuis environ deux ans, l’actualité guinéenne est dominée par le funeste projet de troisième mandat présidentiel qui ne vise qu’à octroyer une présidence à vie à Alpha Condé. Pour contrer ce projet, les principaux partis politiques d’opposition, les acteurs de la société civile et syndicats ont créé le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) le 3 avril 2019. Face à l’intransigeance et la fuite en avant d’Alpha Condé, le FNDC s’est résolu à organiser des manifestations de rues afin de l’empêcher de briguer un troisième mandat en violation de la constitution en vigueur, celle de 2010.
C’est ainsi que le FNDC a lancé le 14 Octobre 2019, sa première manifestation et, depuis lors, plusieurs autres manifestations d’une ampleur rarement égalée ont été organisées non seulement à Conakry, dans plusieurs préfectures de l’intérieur du pays, mais aussi à l’étranger. Malheureusement, ces manifestations ont été souvent sauvagement réprimées entrainant des arrestations arbitraires, des blessés graves et plus d’une centaine de morts.
En dépit de cette situation de tension extrême, le régime d’Alpha Condé a organisé le 22 Mars 2020 un double scrutin législatif et référendaire pour l’adoption d’une nouvelle constitution. Cette journée, émaillée de fraudes massives et d’une violente répression avec plusieurs dizaines de morts, a été par la suite entachée d’une violation de procédure.
En effet, il a été donné de constater aux différents observateurs que le texte constitutionnel soumis à référendum était différent de celui publié dans le journal officiel et promulgué par la suite. Cette violation de procédure rend juridiquement impossible l’entrée en vigueur de l’un des deux textes, retirant ainsi tout fondement juridique à l’élection du 18 octobre 2020.
C’est à la suite de ce passage en force qu’Alpha Condé s’est engagé à organiser l’élection présidentielle le 18 Octobre 2020. Comme ce fut le cas le 22 Mars dernier, le régime d’Alpha Condé prépare un putsch constitutionnel visant à lui donner un nouveau mandat. En effet, outre l’illégalité de sa candidature, aucune des conditions nécessaires à la tenue d’une élection transparente et équitable n’est réunie. En plus d’un fichier électoral qui ne reflète pas du tout la réalité du corps électoral, la CENI, la cour constitutionnelle, les administrateurs territoriaux et les Forces de Défense et de Sécurité sont des acteurs impliqués dans le processus électoral et sont totalement dévoués à Alpha Condé, ainsi que des hauts fonctionnaires de l’Etat utilisant des fonds publics pour corrompre des populations et influencer sérieusement les votes.
C’est conscient de tout cela que l’UFR décide de ne pas participer à l’élection du 18 octobre 2020. Cette décision, qui est conforme à la position du FNDC et de la majeure partie de nos militants, a été prise après plusieurs réflexions au sein de notre parti. En outre, cette décision permet non seulement de continuer la lutte de manière à ce que les efforts consentis dans le cadre du FNDC ne soient pas vains, mais aussi, de ne pas donner l’impression au peuple de Guinée que nous cautionnons un processus qui ne pourrait aboutir qu’à un désordre généralisé.
L’UFR rappelle que c’est la même position de principe qu’elle avait adoptée avec le RPG en 2001 et 2003 lors de la modification de la constitution lorsqu’ils avaient boycotté les élections législatives et l’élection présidentielle qui en ont découlé.
C’est pourquoi, l’UFR invite ses militantes et militants ainsi que l’ensemble du peuple de Guinée à rester mobilisés et à poursuivre le combat afin d’avoir une alternance et permettre à notre pays d’ouvrir une nouvelle ère de son histoire. Le développement économique et social étant l’objectif recherché par notre parti, celui-ci permettra d’améliorer les conditions de vie des populations dans une société réconciliée avec les valeurs de travail, de justice et de paix, dans l’honneur et la dignité retrouvée.
Fait à Conakry, le 8 Septembre 2020