Craindre, si. Elle aura certainement lieu à cette date pour ceux qui militent et croient obtenir le changement dans les urnes. Le changement de régime, mais pas que. La qualification de la gouvernance aussi. La bataille de tous ces guinéens qui aspirent à plus de liberté et de félicité vise à faire avancer ce pays. Mais on s’y prend mal. Très mal même, c’est vrai.
Rien de rassurant dans nos démarches, qui restent assez tortueuses, lorsqu’elles cherchent, vainement à pousser à la porte un dirigeant. Parce que nous pensons que la solution au problème de ce pays réside dans le départ ou l’avènement d’un politique à Sékoutoureyah.
Comptabilisons sans gêne : depuis 2010, six élections au compteur. Et organisées de manière à ne pas avoir, une seule année de répit. Chaque année, le pays se trouve en plein processus, s’il n’est pas entrain de le préparer ou de cicatriser les plaies oh combien béantes qu’un scrutin ait pu laisser au passage. Des morts, destructions d’édifices, pillages, dilapidation des ressources pour ceux qui achètent les consciences. Malgré tout, on y croit, comme des absurdes. Et nous sommes tellement absurdes qu’à chaque rendez-vous électoral, les mêmes comédiens de tragédie viennent nous vendre des projets aux quels eux-mêmes ne croient pas. A les écouter, on entendrait aucune différence dans les propos. Aucun étonnement, ils nous mentent, avant de nous voler nos ressources, s’ils ne nous tuent pas.
Maintenant que les deux protagonistes sont dans la course, vive les dégâts. Les invectives qui ne servent qu’à humilier les plus respectueux d’entre nous et exacerber les tensions ethniques. Alpha et Cellou, le binôme qui s’entend bien. Il faut les aimer vraiment. Le premier aime le ring politique. Se battre. Utiliser toutes les stratégies pour tromper. Ce qui compte pour lui, c’est d’être cité parmi les politiciens qui savent se glisser tout doucement dans les mailles des filets aux trous assez grands. Il veut être déclaré meilleur joueur. Ceux qui pleurent, ne lui font pas pitié. D’ailleurs, ils sont dans la stratégie. Ça se dit dans les milieux politiques en Afrique, qu’on ne peut arriver au pouvoir et gouverner sans verser du sang. C’est un sacrifice.
Le second, comme un enfant obstiné. On le bât, roule dans la boue, le sang coule, mais il veut qu’on dise un jour qu’il s’est vraiment battu. Il a appris que les morts font mauvaise presse. Ce sont eux qui émeuvent à l’international. Ce sont eux qui ont sali Conté. Ce sont eux qui ont chassé Dadis. Ce sont eux qui choquent et mettent sur le dos de chaque dirigeant, la cour pénale internationale. Donc il faut les comptabiliser pour susciter de la compassion. Et après tout, personne ne meurt dans sa famille, ce sont ceux qui croient à son projet qui tombent sous les balles tirées on ne sait d’où. Les juges et policiers enquêteurs guinéens n’ont encore trouvé les responsables des meurtres de ces derniers temps.
Si les élections étaient la solution à nos problèmes, seulement au cours de cette dernière décennie, nous allions dépasser les pays africains. Tellement nous les avons organisées avec violence. S’ils peuvent une fois renoncer à leurs fiertés pour préserver des vies. Ce n’est pas le vainqueur qui importe, mais que va-t-il apporter au pays, quand c’est le système qui tue qui dirige et peuple l’opposition politique ? Le peuple, le vrai, se réveillera un jour, nous l’espérons bien.
Jacques Lewa Leno, journaliste au groupe Hadafo Médias