Le témoignage est exceptionnel et très embarrassant pour Derek Chauvin, au sixième jour du procès de l’ex-policier accusé du meurtre de George Floyd. Le chef Medaria Arradondo a jugé que son ancien agent avait absolument violé les règles d’usage de la force en vigueur au sein de la police de la ville.
Un chef de police qui témoigne contre l’un de ses agents, c’est quasiment du jamais vu aux États-Unis, signale notre correspondant à San Francisco, Éric de Salve. Interrogé par l’accusation, en uniforme devant le tribunal, Medaria Arradondo pulvérise l’un des principaux arguments de la défense de Derek Chauvin, presque une semaine après le début du procès de ce dernier.
« Oui. Absolument, répond le numéro 1 de la police de Minneapolis. Derek a violé sa formation mais aussi le règlement de la police en immobilisant George Floyd avec son genou posé sur na nuque pendant plus de neuf minutes. » Il poursuit : « Le fait de continuer d’imposer un tel niveau de force à quelqu’un qui est déjà face contre sol et menotté dans le dos n’est en aucun cas conforme à notre politique, à notre formation et certainement pas non plus à notre éthique ni à nos valeurs. L’inviolabilité de la vie doit rester un pilier de notre action. »
Pas le procès de la police
Un témoignage dévastateur pour la défense, qui peut difficilement contester sa crédibilité. Medaria Arradondo est très populaire à Minneapolis. Il est le premier Afro-Américain à diriger la police de Minneapolis. Pour rappel, Medaria Arradondo avait très rapidement licencié les agents qui avaient participé à cette intervention fatale. « La mort tragique de George Floyd n’était pas due à un problème de formation […] C’était un meurtre », avait-il tenu à préciser dans un communiqué en juin 2020.
En témoignant devant le tribunal, le chef Arradondo fait en sorte que ce procès reste celui de Chauvin uniquement, et pas celui de la police qu’il a promis de réformer.
RFI