L’entente pour sauver le football. Antonio Souaré et Kerfala Person Camara s’entendent avec l’heure de la compétition. L’essentiel a donc été d’éviter toute confrontation possible. Il est inadmissible aux yeux de certains guinéens de passer par des élections pour désigner un chef. Et dans le domaine des sports il se passe des événements à relent politique. Sans jamais reconnaître que la politique manipule tout le monde dans ce pays, les acteurs sportifs se plient aux injonctions qui leur sont faites. On ne dira pas mieux, quand c’est bien pour le football, c’est peut-être bien pour le pays. Parce que c’est seulement autour de l’équipe nationale de foot qu’on est d’accord dans ce pays.
Il y a une décennie, Antonio Souaré aux côtés de Super V, réussissaient un coup en silence. Le départ d’Aboubacar Bruno Bangoura qui avait un bilan à l’image du niveau du football de l’époque. Quatre participations aux coupes d’Afrique des nations avec la force de s’arrêter aux quarts de finale. Le ballon venait de rassembler deux futurs adversaires. Et avec les armes à leur disposition les cadres que sont Béken, Blasco et les moins connus ont présenté Bruno comme le seul problème qu’il fallait résoudre à le mettant hors-jeu. Bruno avant sa mort n’était plus aux affaires, mais nous sommes restés au même niveau.
En 2016, les mêmes acteurs ont identifié un nouveau problème. Il s’est prénommé Super V. Le méchant, le plus incompétent qu’il fallait à tout prix éloigner des affaires. Amadou Diaby et les frères KPC ont trouvé la solution. Antonio Souaré. C’est lui qui allait amener l’équipe nationale à la coupe du monde. Ce n’est pas encore fait mais ça viendra. Le plus important c’est de construire le football à la base. Tout serait entrain d’être fait. Il faut donc accepter que ce travail soit fait à la satisfaction des sportifs, des supporters et de l’ensemble du pays. C’est le nouveau défi de la Feguifoot.
Antonio et KPC s’entendent pour le bien foot. Peut-être. Mais le mal serait donc l’élection ? Pourtant on en a organisé pour chasser Bruno et Super V. On s’est entendu que l’argent qui gère tout soit au centre de toute cette affaire. L’argent qui achète des véhicules, achètent des billets d’avion et nourrit des familles. L’argent qui entretient les membres statutaires qui acceptent de vivre en observateurs au sein d’une association qui leur donne pourtant tous les droits. Bon dans les conditions normales.
Tout a changé. La fédération a perdu son caractère associatif pour arborer le manteau d’une entreprise qui a un patron. Celui qui nomme à tous les postes essentiels, paient des primes et des salaires. Le patron qui décide de tout et met tout le monde d’accord. Et même lorsqu’il a tort, ce qu’il dit et fait est mieux que la vérité de celui qui ne dispose pas d’argent. Une fois sous les ordres, entant que président de club, on est préoccupé beaucoup plus par l’avenir de son entreprise que par le fonctionnement de la fédération. Surtout que ces dernières années, ceux qui auraient dû être des sponsors pour certains clubs en difficultés, sont adversaires, chefs de la fédération, arbitres et joueurs. Ils font tout en même temps. Voilà pourquoi le chemin est encore long est ténébreux pour le football guinéen.
Jacques Lewa Leno, Journaliste au groupe Hadafo Médias