En tant que panafricain, intervenir sur ce sujet est tout d’abord un devoir et une préoccupation. En effet, la Libye et l’espace saharo-sahélien étant déjà ce qu’ils sont, la déstabilisation éventuelle du Tchad serait la levée du dernier bouclier pour une descente des forces du mal vers l’Ouest et le Sud du continent. Déjà que le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont fragilisés, le Nigeria, le Kenya, le Mozambique et le Cameroun dans la tourmante, il serait dommage d’allonger la liste des pays à risque.
L’expérience a prouvé qu’il ne suffit pas d’avoir des dirigeants dits puissants à la tête de nos États pour espérer une stabilité politique et institutionnelle durable. La force des présidents Blaise Compaoré, Muhamar Khadafi, Oumar El Bechir, Idriss Deby Itno était simplement le fait qu’ils étaient des instruments des intérêts Géopolitiques extérieurs au détriment de ceux de leurs propres populations. Nul n’étant éternel, le désordre s’est imposé dans leurs pays dès après leur disparition.
Ceci prouve à suffisance que seul un véritable processus démocratique qui génère des institutions solides avec des contres pouvoir réels, peut aider les États Africains à aller de l’avant au lieu de toujours retomber sur les mêmes travers.
Alors l’objectif fondamental des Tchadiens et de la communauté internationale devrait être d’agir pour remettre le pays sur la voie de la démocratie et le retour de l’espoir. Et pour cela, voici quelques recommandations et exigences à formuler :Refus de cautionner la prise du pouvoir par la junte pour des prétextes sécuritaires et géopolitiques car l’exercice du pouvoir au Tchad ne doit pas servir que des intérêts extérieurs
Respect des dispositions constitutionnelles qui encadrent la succession en cas d’empêchement du président comme le cas en présence
Ouverture d’un dialogue inclusif pour le retour des forces politiques et sociales dans le schéma décisionnel pour la définition des nouvelles orientations
Exigence d’un cessez-le-feu immédiat entre les forces gouvernementales et la rébellion du FACT
Organisation dans un bref délai des élections présidentielles avec la participation des partis politiques représentatifs et sous la supervision de l’Union Africaine et des Nations Unies. Etant donné que le pays était déjà dans un processus électoral non achevé (seuls les résultats provisoires avaient été annoncées), la tache est encore plus facile car tout le dispositif est supposé être en place. Donc il suffit juste d’avoir de la volonté et de la bonne foi pour y arriver.
Vivement que le Tchad aussi ne sombre pas dans le chaos !
Aliou BAH, président du MoDel