Au terme d’une longue réunion, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a décidé de « suspendre » le Soudan des instances de l’UA jusqu’au retour au pouvoir d’un gouvernement de transition dirigé par les civils. Dans le même temps, les arrestations de civils se poursuivent à Khartoum.
Dans son communiqué final, publié mercredi 27 octobre au matin, le Conseil « condamne fermement » la prise de pouvoir par les militaires et « rejette totalement le changement inconstitutionnel de gouvernement », qu’il qualifie d’« inacceptable ». Il demande au président de la Commission de l’UA de dépêcher un émissaire à Khartoum pour engager un dialogue avec les acteurs politiques afin de « restaurer l’ordre constitutionnel ». Il salue enfin la libération du Premier ministre, mais demande la libération de détenus politiques, dont des membres du gouvernement renversé.
Abdallah Hamdok rentré chez lui, mais toujours surveillé par l’armée
Mardi soir, le Premier ministre Abdallah Hamdok a, en effet, été ramené chez lui, mais il reste « sous surveillance renforcée ». Son domicile est situé à Kafouri, un quartier au nord-est de Khartoum, en bordure du Nil bleu. Selon des sources militaires, « des mesures de sécurité ont été prises dans le périmètre », c’est-à-dire que le Premier ministre limogé est sous résidence surveillée, explique notre correspondant à Khartoum, Eliott Brachet.
Lors de sa seconde allocution, Abdel Fattah al-Burhan avait tenté de rassurer la communauté internationale en assurant que le chef du gouvernement qu’il a lui-même dissous, était chez lui, au quartier général de l’armée. Burhan avait l’air d’en plaisanter, laissant croire que les relations entre les deux hommes étaient au beau fixe. Le général a affirmé que le Premier ministre était en danger, c’est pour cela qu’il avait été détenu. Mais face aux appels incessants venus de nombreuses capitales du monde entier, l’homme qui a orchestré le coup de force au Soudan, a fini par céder.
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Abdallah Hamdok n’a toujours pas eu le droit de s’exprimer, mais il s’est entretenu mardi soir avec le chef de la diplomatie américaine, Anthony Blinken. Dans un communiqué commun publié ce mercredi, les ambassadeurs européens à Khartoum ainsi que les ambassadeurs britannique et américain demandent à rencontrer Abdallah Hamdok au plus vite. Ils ajoutent qu’ils le considèrent toujours comme le Premier ministre légitime du Soudan et demandent la libération de tous les détenus politiques arrêtés depuis lundi.
Multiplication des arrestations
Si on sait où se trouve celui qui avait incarné la transition démocratique, ce n’est pas le cas de la plupart des représentants civils détenus depuis lundi matin. Aucune information sur leur lieu de détention n’a filtré. Et les arrestations se poursuivent encore. Ce mercredi matin, les militaires et les forces de sécurité ont procédé à une vague d’arrestations sans précédent depuis leur coup d’État, lundi.
En plus des trois ministres dont l’arrestation a été confirmé en début de semaine, deux autres ministres ont été interpellés ce mercredi matin. Il s’agit de Yasser Abbas, le ministre de l’Irrigation, et d’Oumar al-Najib, le ministre de la Santé.
Deux autres conseillers du Premier ministre ont été également interpellés. Ils rejoignent Yasser Armane, conseiller politique en détention depuis lundi. Il y a eu aussi l’arrestation d’Ismail al-Taj, responsable à l’Association des professionnels soudanais, ainsi que plusieurs autres responsables des forces pour la liberté et le changement. Les informations sur ces arrestations sont souvent confirmées par les familles et l’entourage de personnes détenues.
Ainsi, Maryam Sadeq al-Mahdi, la ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement dissous et dirigeante du parti Oumma, a confirmé l’arrestation de son frère Siddik, lui aussi dirigeant de ce parti. Elle avait affirmé lundi à RFI que « les tentatives d’une partie d’imposer sa propre vision sur l’autre partie est un combat perdu d’avance et ne mène nulle part ».
La liste d’arrestations qui touchent tous les hauts responsables des partis politiques et des mouvements hostiles au coup d’État militaire est désormais très longue. Elle regroupe aussi des avocats et des militants dans les comités de résistance des quartiers.
rfi