La Guinée a été victime d’agression. Les portugais à la manœuvre. Les raisons qui nous sont rapportées depuis toujours à travers les articles de presse et les livres de témoignages contradictoires, parlent de tentative de renversement du premier régime et d’une invasion, pour la libération des soldats portugais, détenus à Conakry. Et depuis, on se perd dans la recherche presque vaine de la vérité. Alors deux éléments sur lesquels devons nous insister, puisqu’ils ne sont pas niés : il y a eu attaque portugaise contre la Guinée le 22 novembre 1970. La Guinée n’a pas été déstabilisée. Heureusement! Le constat, ce que dans notre pays, le débat est tenu pour masquer la vérité. Parce que tout simplement, le régime de Sékou Touré se serait rendu responsable d’abus. Ce débat détourne tellement de la réalité, que dans les articles de presse qui évoquent cette agression, on ne met jamais l’accent sur les quelques 500 guinéens, tués ce jour. On ne parle que de ceux (au nombre de 85 officiellement), aux dires des inconditionnels du PDG RDA et de son leader, exécutés pour leur participation à l’attaque, ou complicité avec les assaillants. Or, la pendaison des 85, qualifiée de purge est intervenue, le 25 janvier 1971. Commémoré chaque année par l’association des victimes du camp Boiro. Les dates sont précises, pour des évènements précis. Le 22 novembre, c’est la date anniversaire de l’agression portugaise qui a entraîné la mort des centaines de guinéens. Rendons leur hommage. Ils le méritent. Ce sont nos martyrs. Le 22 novembre, ils n’avaient absolument rien fait de mal. Ils étaient justes fiers, d’appartenir à un pays. La Guinée notre Etat qui se construisait depuis 1958, venait d’avoir ses 12 ans. 12 ans dans la vie, c’est encore peu. On ne maîtrise pas tout, on ne sait pas comment réagir. On n’ignore le danger et d’où il peut venir. Le 22 novembre, nos compatriotes, ont été tués, parce qu’ils s’étaient engagés à libérer la Guinée Bissau voisine, dit-on du joug colonial. Ils ont été tués pour leur adhésion au panafricanisme. Ils ont été tués, pour leur détermination à se libérer des chaînes de l’impérialisme européen qui voulait demeurer dans les anciennes colonies. Le 22 novembre, c’est une date de notre histoire souvent travestie, par la volonté de ceux qui n’ont aucun intérêt que la vérité soit connue et dite. Plusieurs années de contradictions inutiles, autour des faits irréfutables. Cela fait exactement 51 ans que cette attaque a eu lieu. Dans la démarche de refondation de notre Etat, les autorités doivent nous aider à assumer notre passé et respecter nos martyrs quelque soient leurs noms et statuts. Le 2 octobre, c’est notre indépendance, précédée du non au référendum du 28 septembre. Les autres dates qui ont connu des évènements dramatiques, sont les conséquences du choix que nous avons fait. Choix raisonnable. Choix courageux et responsable. Aujourd’hui encore, nous devons le dire plus haut, SékouTouré et ses compagnons ont eu raison de nous avoir conduits à l’indépendance. Le Portugal, doit reconnaitre son tort, le réparer et demander pardon à la Guinée.
Jacques Lewa Leno, journaliste au groupe Hadafo Médias