L’effort de carême. C’est ainsi que les chrétiens appellent des gestes à l’endroit des démunis en période de pénitence. Il peut s’agir aussi des contributions à la construction d’un idéal de paix. Les enseignements vont dans ce sens et tous, croyant à une vie après la mort, se montrent réceptifs aux messages des leaders religieux. Des leaders sages, qui le deviennent davantage lorsqu’ils espèrent faire changer de comportements aux fidèles plongés dans le péché profond. Pendant toute la période de la pénitence, les prêtres peuvent espérer réussir une mission si difficile en période ordinaire. Parce qu’il est difficile de mettre la main sur certains pour les messes dominicales.
Les fidèles musulmans aussi. Ils aiment Allah. Mais certains cherchent à s’approcher de lui beaucoup plus en période de ramadan. Prière intense et présence effective dans les mosquées. Toutes les heures sont respectées et lorsqu’on rate, on se rattrape. Dieu rassemble sur ce coup. Parce que les enseignements portent sur la morale. Donc la morale qui gouvernent les hommes et rend la société plus vertueuse. Si seulement nous pouvions aller au-delà, on aurait peut-être oublié les assises et toutes les démarches qui visent à cultiver la paix et la cohésion sociale. Mais comme nous pouvons bien le comprendre, nous ne sommes croyants que selon les circonstances.
Les problèmes en face et qui nécessitent la participation de tous les guinéens ne peuvent bien évidemment trouver leurs réponses dans les églises et mosquées guinéennes. Elles ne sont pas choisies pour cela. Elles ne sont pas fréquentées pour cela. Elles sont mises de côté pour éviter tout amalgame dans la gouvernance. Le recours souvent pas par les dirigeants politiques pour présider les entretiens en vue d’une entente entre les guinéens, n’obéît qu’à un seul principe : confier les jeunes aux personnes âgées. Peut-être à cause de leur âge, ils seront écoutés.
Les prêches ne nous changent pas. Nous espérons que la justice guinéenne, lorsque les magistrats s’amenderont, réparera les injustices les plus graves. Elle mettra au gnouf les grands voleurs et criminels. Ceux dont la culpabilité sera prouvée. Ce, après un jugement fait selon les lois qui nous gouvernent. Mais ce n’est pas ce qui peut apaiser les cœurs. De l’entendement de certains, il existe une catégorie d’anciens commis de l’Etat qui sont déjà coupables. D’autres non. La justice est donc obligée si elle veut être appréciée, de trancher selon leurs opinions. Ce qui veut dire qu’en réalité, certains d’entre nous ne sont pas en quête de justice en réalité. Ils veulent juste que les gens qu’ils n’aiment pas aillent en prison et ceux qu’ils adorent en liberté.
Les assises et le processus de réconciliation nationale que nous voulons derrière, se heurteront à cette réalité malheureusement. La dictature des opinions fait plus mal à ce pays que les détournements de deniers publics. Au nom de la dictature des opinions, voyons nous, des suspects sont craints, parce que déjà blanchis. Au nom de la dictature des opinions, certaines victimes de la violence d’Etat, sont volontairement omises dans les discours publiques. Cela aussi ne peut changer à travers des prêches. Nos leaders religieux aussi, nous les écoutons selon nos aprioris.
Jacques Lewa Leno, journaliste au groupe Hadafo Médias