La durée de la transition fixée par la junte au pouvoir ne fait pas l’unanimité aussi bien en Guinée qu’en dehors du pays. Dans une récente sortie médiatique, le président la commission de la CEDEAO a indiqué que 3 ans c’est trop pour une transition. Une sortie peu appréciée par Conakry. Le ministre secrétaire général à la présidence et le porte-parole du gouvernement ont au cours d’une conférence de presse, ce jeudi, dénoncé un manque d’élégance de la part de Kassi Brou.
Le porte-parole de la présidence, Colonel Amara Camara et celui du gouvernement, Ousmane Gaoual, se sont donnés du temps pour répondre à toutes les questions des journalistes et à certains hommes politiques qui pensent que la durée de 3 ans décidée par le CNT est juste une manœuvre pour confisquer le pouvoir. Sur cette question, le porte-parole de la présidence rassure. « Le Chef de l’Etat a proposé 39 mois comme durée issue d’une moyenne qui avait été calculée sur la totalité des durées proposées par les structures qui ont répondu au questionnaire du Ministère de l’Administration du Territoire et de Décentralisation. Alors, le CNT a fait un autre type de travail avec un autre mécanisme qui lui est propre et a abouti à 36 mois. Et comme le CNT regroupe les forces vives, le CNRD, les partis politiques, nous avons estimé qu’il fallait s’accorder sur cette durée au lieu de perdre le temps là-dessus et de commencer à dérouler les différentes étapes prévues pour le retour à l’ordre constitutionnel ».
Mais quand commence le compte à rebours des 36 mois ou a-t-il déjà commencé? Sur cette question qui préoccupe autant que la durée de la transition elle-même, difficile de donner une réponse claire. Néanmoins le porte-parole du gouvernement tente de répondre.
Avez-vous compris? Les deux porte-parole sont revenus sur l’interdiction de manifestations, laissant comprendre que rien ne doit altérer le processus de la transition et que tout le monde doit participer pour sa réussite.
Autre précision, c’est sur les poursuites judiciaires pour crimes économiques et crimes de sang. Sur les réseaux sociaux et dans les médias, beaucoup pensent que c’est une manœuvre pour écarter de potentiels candidats aux élections. Le Colonel Amara Camara rassure que personne n’est visé et laisse comprendre que ceux qui pensent que le président de l’UFDG a peur de rentrer au pays n’ont aucune raison de s’inquiéter.
Mais à cette conférence de presse, comment oublier la récente sortie du président de la commission de la CEDEAO. Le porte-parole de la présidence précise. « Il y a un peu de manque d’élégance, de respect même pour l’institution qu’on représente quand on se permet de prendre la parole au nom de l’institution sans qu’elle-même ne se prononce. Souvent, quand on est dans la passion, on peut perdre la raison, on peut se tromper de cible. Il est quand même important à un certain moment de dépassionner le débat et aller dans le sens de la responsabilité. Je ne pense pas que M. Brou soit la bonne personne pour nous donner cette leçon de respect ou quoi que ce soit à la Guinée dans la mesure où lui-même, son mandat est à questionner à la CEDEAO. Ça s’appelle un manque d’élégance. La CEDEAO est une institution respectable que la Guinée respecte, une institution dont la Guinée a participé à la création. Nous respectons les idéaux et les valeurs de la CEDEAO. Nous dissocions également la personne de M. Brou de la CEDEAO. »
La CEDEAO et le CNRD vont-ils se sourire? Les deux porte-paroles ont laissé comprendre que le CNRD est largement ouvert au dialogue.
Saliou Bah/ Bhoye Bah
La CEDEAO gagnerait à se regarder dans le miroir… La CEDEAO est un outil qui a été créé par nos État au service exclusif des peuples. Prise en otage par quelques dictatures qui cherchent leur crédibilité et leur légitimité sur des terrains partenaires, elle aura définitivement perdu la confiance des peuples. Dès lors, de quelle pouvoir peut-elle se prévaloir pour décider à la place des Guinéens ? Pour ce qui est de la Guinée, la priorité c’est le nettoyage à tous les niveaux. Les élections, ça viendra après. De la médiation de la CEDEAO ou de n’importe quelle autre institution, on en a pas besoin. On en a assez vu.